Il ne s’agit pas seulement de traiter la beauté de l’animal, mais sa vie, son quotidien.
Chercher la justesse et l’équilibre, partager un moment d’intimité, tel un instantané
de vie et idéalement, trouver l’harmonie et la grâce.
Le respecter dans ses traits, dans son anatomie, telle est ma conviction.
Et puis bien entendu, l’émotion, cette expression indéfinissable que l’on peut lire
dans un œil, une gueule entrouverte, une oreille tournée... Il faut savoir capter ce
moment que chacun interprétera à sa manière, avec sa sensibilité.

On me parle beaucoup du regard, de cette expression qui se dégage de mon travail,
et qui est bien souvent entre l’humain et l’animal.
Ce regard, c’est aussi le monde que l’on partage.
Grâce à l’ami, au curieux, à l’amateur qui pousse la porte de l’exposition ou de
l’atelier, l’homme et l’animal sont réunis.

Qui regarde qui?

Face à face, subjugués ou étonnés, parfois effrayés, le vivant rencontre le figé.
La vie est mouvement, c’est ce que j’essaie d’insuffler.
Explorer une attitude, trouver le point d’équilibre, la dynamique. Travailler un portrait
comme un extrait, mettre l’accent sur un détail et laisser l’œil libre de le prolonger.
Certaines œuvres ne verront le jour qu’après plusieurs années, lorsqu’un animal
revient en boucle, me harcelant jusque tard dans la nuit. Alors l’excitation, la
sensation de la terre me submerge.

Il faut parfois la canaliser, se recentrer sur son sujet.
Raconter cette violence animale, à la vie, à la mort, mais aussi dans la survie.
Une espèce disparaît, une autre réapparaît...auprès d’un étang, ou sous le voile
d’une brume matinale, parfois en montrant les crocs, dans la lutte et la bagarre, la
passion et le rut...

Voilà l’histoire de mon bestiaire.